Le bruit cause des lésions irréversibles : il faut intervenir et vite !
Cela sent le mauvais jeu de mots, mais c’est bien un cri d’alarme que pousse la députée cdH Catherine Fonck à propos des nuisances sonores auxquelles nous sommes confrontés, surtout les jeunes.
Son but : renforcer les mesures pour éviter des lésions irréversibles dont les victimes prennent conscience trop tardivement
« Les nuisances sonores, ce sont des règles imprécises éparpillées entre les niveaux de pouvoir, ni respectées, ni contrôlées, sans vraies mesures de protection.
Il y a de nombreuses failles dans ce dossier, alors que c’est un enjeu de santé publique largement sous-estimé. Je pense qu’il faudrait revoir à la baisse le niveau sonore autorisé (90dB) et surtout mieux contrôler les normes. » Catherine Fonck sort des piles d’études « qui prouvent que de plus en plus de jeunes souffrent de troubles de l’audition après avoir subi des niveaux sonores excessifs. Cela ne se manifeste parfois que dix à quinze ans plus tard, mais ces lésions sont irréversibles.
Je n’évoque pas que la surdité, aussi d’autres troubles comme les acouphènes, des problèmes qui entraînent des traitements complexes… s’ils existent !
Pourtant, la moitié de ces lésions sont évitables ».
L’Organisation mondiale de la Santé estime que 1,1 milliard de jeunes à travers le monde pourraient courir un risque de perte auditive due à des habitudes d’écoute dangereuses.
Au premier rang sur le « banc des accusés », les événements festifs : concerts, soirées en discothèque.
« Les professionnels de ces milieux (DJ, musiciens…) sont souvent les premières victimes », explique-telle.
« Une récente étude portant sur des disc-jockeys de 26 ans, travaillant trois nuits par semaine depuis six ans, montre que 75 % souffrent d’acouphènes.
Selon Daniel Léon, professeur à l’INSAS et ingénieur du son, les moyens techniques ont augmenté les « performances » sonores : en 40 ans, le son des festivals a été augmenté de 40dB.
La capacité technique (utilisée) d’un festival comme Werchter est de 130dB sur l’ensemble du public : 40dB de plus que ce que le corps médical recommande ! »
FESTIVAL : JUSQUE 128 DB La loi en Belgique prévoit un maximum de 90dB, mais il n’y a pas de sonomètre, regrette-t-elle.
« Des relevés ont été réalisés dans des festivals : les groupes jouent régulièrement jusque 120-128dB. »
Pour lutter efficacement contre les troubles auditifs en Belgique, la collaboration entre les niveaux de pouvoir est nécessaire, du fédéral à la commune. « Je veux forcer ce débat, mettre tout le monde autour de la table et contrer cette impression qu’aurait chaque niveau de penser que sa petite participation ne change rien.
Je veux une réévaluation des normes actuelles de bruit (passer des 90dB autorisés aux 85 dB référencés dans les études).
Je veux un renforcement des contrôles, y compris dans les lieux festifs. »
Catherine Fonck souhaite des zones inaccessibles à proximité des sources sonores, des sonomètres dans les lieux bruyants avec l’affichage continu du niveau sonore sur les dix dernières minutes, « avec des infos et conseils clairs », l’obligation d’une zone de récupération auditive à moins de 85dB, la mise à disposition de bouchons d’oreilles lors de tous les événements (même si peu de jeunes s’en servent et si des contrôles ont montré que peu d’entre eux sont conformes), l’organisation de campagnes d’information à destination des jeunes, etc.
« L’important est de travailler ensemble, aussi avec les responsables de ces événements et lieux festifs. »
À bon entendeur…
Article de DIDIER SWYSEN Source sudpresse du 6 mai 2016 Journal La Meuse Page 18 http://journal.sudinfo.be/