L ’équilibre précaire des agriculteurs ne s’améliore pas, bien au contraire. La santé financière des jeunes fermiers est préoccupante.
Ce vendredi, cinq Nandrinois et Engissois ont fait part de leurs revendications et de leurs craintes au ministre wallon du budget et de la simplification administrative, le Wanzois Christophe Lacroix.
Christophe Lacroix s’est rendu ce vendredi à Nandrin.
Il a d’abord fait le point sur les projets de la commune dont il se fera le relais : nouvelle administration communale, maison de quartier à Villers le-Temple, rapidobus, agora au foot etc.
Il a ensuite visité les Coquelicots, un service d’accueil de jour pour adultes handicapés, victime il y a un an et demi d’un incendie. En fin de matinée, il a mis le cap sur la ferme d’Alain Henry qui élève 58.000 poulets.
Il y a rencontré cinq jeunes agriculteurs de Nandrin et Engis qui élèvent en grosse partie des vaches laitières. Ils en avaient gros sur la patate.
« Il y a 8 ans, j’ai repris la moitié de la ferme de mes parents qui ont aujourd’hui 68 ans. Avec les prix actuels du lait, de la viande et des céréales, je suis obligé de travailler à l’extérieur, je décharge des bateaux comme indépendant.
Ma paie ne sert qu’à couvrir les dépenses de la ferme. Je dois vivre sur le salaire de ma femme, institutrice maternelle, alors que nous avons 2 jeunes enfants.
Je me demande comment je vais faire pour reprendre un jour l’autre moitié de la ferme et surtout j’ai peur qu’un jour ma femme en ait marre et me quitte », confie Vincent Fisenne, 34 ans.
Loin de jouer les Calimero, les jeunes fermiers ont traduit les difficultés quotidiennes qu’ils traversent. « Mes lois sociales sont passées de 600 € tous les trimestres à 1.200 € car ils se basent sur le chiffre d’affaires d’il y a trois ans, où ça allait mieux !
On a déjà du mal à relever la tête et on nous en rajoute encore… », souffle Laurent Van den Bergh, 27 ans, de Nandrin.
Que dire de la charge administrative : « Il faut en moyenne une journée par semaine pour l’administratif.
Comme je travaille à l’extérieur, je dois m’y atteler tous les soirs… », ajoute Vincent Fisenne. Quant à Tanguy Tasiaux, électricien de 25 ans, il a décidé de reprendre la ferme de ses parents.
« Les discussions sont en cours avec la banque pour emprunter 500.000€. Mes parents ne voulaient pas que je le fasse mais j’ai envie d’y arriver », assure-t-il malgré tout.
« Le ministère se rend-il compte de la catastrophe qui se prépare ?
On croit que les fermiers sont riches parce qu’ils ont beaucoup de terres mais la plupart ont la corde autour du cou, croyez-moi », lance Alain Henry dont le fils Maxime travaille aussi sur l’exploitation.
UNE RÉUNION FIXÉE
Deux revendications : un prix garanti qui leur permette de recevoir un salaire décent. Et pas de produits américains importés avec le potentiel Traité transatlantique.
« Une majorité d’Etats européens sont favorables à ce traité, mais s’il passe au parlement wallon, nous voterons contre. La Belgique doit s’unir avec d’autres pour plaider une meilleure stabilité des prix.
Les charges sociales sont de la compétence du gouvernement fé- déral. Mais je m’engage à relayer vos demandes, notamment auprès du ministre wallon de l’agriculture, René Collin. », affirme Christophe Lacroix.
Une réunion conjointe est prévue à Namur avec les jeunes agriculteurs dans les prochaines semaines.
« On est agréablement surpris », ont conclu les jeunes fermiers.
Article et photos de ANNICK GOVAERS source Sudpresse
Article du 6 février 2016 http://journal.sudinfo.be/