Pierre avait vidé son chargeur de pistolet sur la maison, à travers la vitre de la cuisine.
Le 1er juin dernier, Pierre a fait la plus grosse erreur de toute sa vie.
Ivre et très énervé contre son ex-femme, il s’est rendu chez elle au milieu de la nuit et a tiré dans la fenêtre de sa cuisine. Heureusement, il n’a blessé personne.
Mais il est aujourd’hui accusé de tentative d’assassinat.
Pierre, 52 ans, était un père de famille normal, heureux papa de trois filles jusqu’en 2006.
À cette date, son épouse, maman de ses enfants, décide de le quitter et de demander le divorce.
Pour Pierre, c’est la fin du monde.
Il comprend mal la décision de sa femme.
De plus,dans la séparation, il perd la propriété de la maison familiale.
20 ans plus tôt, il était indépendant et avait mis le domicile au nom de son épouse en cas de faillite.
Après cette séparation,Pierre va complètement perdre pied.
Pendant de longs mois, il n’aura de cesse de harceler son ex, de l’appeler, il ira même jusqu’à lui porter des coups.
Au fil des années, les choses vont se calmer, mais l’ambiance entre les anciens époux restera toujours électrique.
En mai 2014, Pierre a laissé tomber la querelle, quand il apprend que la maison de son ex a été cambriolée et que cette dernière l’accuse lui.
C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase,déjà bien rempli par des années de rancoeur et de frustration.
À la fin du mois de mai 2014,Pierre est au fond du trou, il vient de perdre sa maman, sa plus jeune fille est à l’hôpital après une tentative de suicide.
« J’étais à bout. Quand j’ai appris que mon ex s’en prenait encore à moi et venait m’accuser sans preuve, j’ai craqué, je n’en pouvais plus.
Je voulais juste qu’on me laisse tranquille.
Mais je savais que je n’aurais jamais la paix ».
Le 1er juin, Pierre est seul chez lui, à Ouffet. Il commence à boire dans l’après-midi, en regardant le Grand Prix de Formule 1.
Il prend ensuite le volant et se rend au café le Terminus à Nadrin.
Là-bas, il consomme encore deux verres d’alcool et appelle sa fille.
Il lui tient un discours inquiétant. « Il m’a dit qu’il allait tuer ma mère,et qu’il me disait adieu pour la dernière fois », a-t-elle expliqué.
« Mais je ne l’ai pas pris au sérieux.
J’entendais dans sa voix qu’il était ivre.
Il disait souvent des choses comme ça.
C’était plus un défouloir qu’autre chose pour lui ».
Le souci, c’est que cette fois, il ne parle pas à la légère.
Pierre,très alcoolisé, remonte dans sa voiture, et prend la direction de son ancienne maison.
Dans sa poche, il a une arme de poing de calibre 7-67.
Il n’a qu’une obsession en tête, faire en sorte que son exfemme et son nouveau compagnon lui fichent la paix.
« Je me suis arrêté devant la maison.
J’ai vu mon ex dans la cuisine, avec son compagnon.
Ils étaient assis.
Je me suis garé près de la fenêtre et j’ai sorti mon arme.
Je n’avais pas l’intention de tirer, juste leur faire peur.
Puis j’ai redémarré.
J’ai été au bout de la rue, j’ai fait le tour du rond-point et je suis revenu.
En passant, j’ai tiré sur la façade.
J’ai vidé le chargeur.
Je ne voulais toucher personne,mais je voulais qu’ils comprennent que j’étais à bout ».
Le souci, c’est que l’une des balles tirées a traversé la vitre de la cuisine, une autre la porte de la buanderie.
Elles auraient facilement pu blesser l’un des occupants de la maison.
C’est d’ailleurs la thèse que défend la substitut du procureur du Roi.
Elle a requis une peine de cinq ans ferme contre Pierre.
« Il avait clairement l’intention de viser les personnes et de les tuer.
Les preuves sont là.
Il a vidé un chargeur sur la maison, à hauteur d’hommes, notamment dans la fenêtre de la cuisine ».
Pierre, soutenu par son avocat,nie fermement avoir voulu faire du mal à qui que ce soit, mais la substitut a rappelé qu’il avait dit à sa fille quelques minutes avant qu’il allait tuer sa mère.
Le jugement sera prononcé vendredi prochain.
Article de NOÉMIE BOUTEFROY pour le Journal La Meuse de H-W du 18 octobre 2014
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